[#PLIB2023] « Alfie » de Christopher Bouix

Alfie est une lA de domotique dernière génération. Il filme tout, note tout, observe tout. Implanté depuis peu dans le foyer d’une famille moyenne, il aide au quotidien et propose sa gamme de service à haute valeur ajoutée tout en essayant de comprendre cette étrange espèce : les humains.
Mais un soir, tout bascule.
Que signifient ces mensonges, ces traces de lutte, cette disparition ?
Alfie est dubitatif. Est-ce lui qui délire ?
Ou un meurtre a-t-il été commis dans cette famille sans histoires ?

Je remercie les éditions Au diable Vauvert d’avoir offert ce roman aux jurés du PLIB 2023

Alfie, c’est d’abord une couverture simple mais efficace, qui à elle seule attire le regard et interpelle. Pourtant, au vu des échanges sur le discord du PLIB, je sais que certains n’en sont pas fans. Personnellement, je la trouve réussie et très bien pensée. Avec cette petite boîte blanche similaire au packaging d’une célèbre marque à la pomme et son texte reprenant les couleurs d’un moteur de recherche bien connu, difficile pour moi de ne pas penser aux GAFAM, ces géants du Web auxquels on ne peut échapper aujourd’hui et qui en savent bien plus sur nous que ce qu’on pense ou espère. C’est bien vu car sans même regarder la quatrième de couverture, on comprend que cela va parler de technologies, de vie privée, de notre monde hyperconnecté… et que quelque chose va mal tourner.

Alfie, c’est ensuite un personnage atypique dont l’évolution, les tests et les réflexions sur l’humanité dans la première partie m’ont beaucoup fait rire. Je ne crois pas avoir déjà lu un roman ou même un chapitre du point de vue de l’intelligence artificielle. Certes, des auteurs et autrices lui donnent parfois de la voix au travers de dialogues avec les héros de leur roman (comme dans Le dixième vaisseau de Pierre Bordage par exemple, que j’ai lu récemment) mais jamais je ne les ai vu en personnage principal. Sous la forme d’un journal de bord, on découvre un narrateur mécanique, naïf, qui prend tout au premier degré. Et au travers de situations très stéréotypées, l’auteur s’amuse à montrer l’absurdité de certaines de nos actions (ou même de nos animaux), la complexité de notre pensée et de l’individu de manière générale. C’est agréablement satirique et très drôle. Je retiens notamment les conclusions d’Alfie sur le résultat de ses expériences pour comprendre le chat de la famille ainsi que ses tentatives d’adaptation aux différents langages des membres de la famille. C’est percutant, évident quand on y pense et cela a pas mal fait écho en moi, me permettant ainsi de m’attacher à Alfie alors qu’il s’agit pourtant d’une machine.

Alfie, c’est également une histoire glaçante par l’évolution de l’intelligence artificielle qui s’essaiera dans la suite du roman à des travers bien humain pour découvrir les réponses à ses questions. J’ai trouvé que cela allait parfois un peu loin mais cela a le mérite d’interroger, ce qui je pense était le but recherché. Sommes-nous vraiment en capacité de contrôler ce que nous créons? Le récit est également glaçant pour les dérives de notre monde hyperconnecté qu’il met en avant (à l’instar de la série Black Mirror, qui est excellente et que je t’invite à regarder si ce n’est pas déjà fait). Sommes-nous prêt à abandonner notre vie privée pour plus de confort, de performance ou de pouvoir d’achat? Quel pouvoir sommes-nous prêts à inconsciemment donner aux entreprises qui proposent ces produits pour améliorer notre quotidien (enfin je dirais plutôt nous mettre de la poudre de licorne dans les yeux et nous rendre encore plus dépendants…)? C’est criant de réalisme par moment et bien moins rigolo pour le coup. Mais j’ai adoré!

Alfie, c’est enfin une enquête assez classique. Néanmoins, je l’ai trouvé surprenante sur certains points et assez distrayante. Elle se profile doucement, monte en pression pour devenir très prenante à la fin. Je n’ai pas lu Alfie pour son côté policier mais j’ai trouvé que cette intrigue servait intelligemment le récit et les réflexions autour de l’intelligence artificielle.

Alfie, c’est donc un roman d’anticipation bon sur sa construction, porté par une plume efficace et incisive et qui n’a pas manqué de me faire réagir. A ne pas louper!

Auteur(e/s) : Christopher Bouix
Traduction : /
Editions : Au diable Vauvert
Nombre de pages : 464
Catégorie(s) : Science-fiction
ISBN : #ISBN9791030705614

2 réflexions sur “[#PLIB2023] « Alfie » de Christopher Bouix

  1. zoelucaccini dit :

    Dans le même genre, The 8 list pourrait te plaire, c’est moins drôle – enfin, c’est drôle mais c’est cynique), mais certaines thématiques se recoupent.
    Fera t-il partie de tes 5 finalistes ? 🙂

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    • Callysse dit :

      J’ai bien l’intention de lire The 8 list 🙂 Je ne sais pas encore. Je n’ai pas lu assez de titres pour faire un choix pour le moment. Je pense que je vais aussi beaucoup me fier aux votes et retours des autres pour faire mes choix

      Aimé par 1 personne

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