[#PLIB 2023] « L’Épée, la Famine et la Peste » d’Aurélie Wellenstein

Depuis un demi-siècle, le royaume de Comhghall s’enfonce dans un âge sombre : les monstres pullulent, des villages entiers disparaissent dans les toiles d’araignées, et les tarentas tissent dans l’esprit des hommes, les condamnant à s’étioler dans la mélancolie et les idées noires.

Trois êtres brisés deviennent la cible d’une population aux abois.

Un garçon possédé par l’esprit d’un loup, une jeune fille soupçonnée d’avoir les pouvoirs d’une araignée, un ancien soldat qui a tout perdu, persuadé que son fils vit dans l’œil d’un cerf…
Pourchassés par le chef de l’Inquisition et son archère, ils vont devoir s’allier pour survivre. Mais sont-ils des bouc-émissaires ou, au contraire, trois redoutables fléaux qui porteront le coup de grâce à ce monde agonisant ?

Attention, arachnophobe s’abstenir! Araignées, tarentules et femmes-araignée pullulent dans ce roman. En même temps, le résumé et la couverture ne le cachent pas, mais sait-on jamais, je préfère prévenir! Les toiles collantes et denses de ces sympathiques petites bêtes (ou pas…) recouvrent petit à petit le royaume de Comhghall et tissent une ambiance oppressante, sombre et dangereuse dans laquelle nous sommes plongés dès les premières lignes. L’autrice ne prend pas son lecteur par la main et choisit de le confronter dès les premiers chapitres aux dangers, à la dureté et à la noirceur de ce monde. C’est brutal, horrifique et révoltant. Je n’étais pas préparée à ressentir tant d’émotions fortes aussi tôt dans le récit. A mesure qu’on fait connaissance de nos trois protagonistes principaux, cela se calme et devient plus posé et lent. Ou alors j’ai fini par m’adapter. Mais le fait est que la lecture est devenue plus aisée pour moi, m’incitant alors à ne plus vouloir l’arrêter.

L’épée, la famine et la peste est davantage une histoire de personnages que l’Histoire d’un royaume. Du moins, c’est l’impression que m’a laissée ce premier tome. On suit Erin, Cillian et Sully alors pris dans les feux de l’inquisition du royaume. Ils se rencontrent, fuient ensemble, s’entraident et s’apprivoisent. Où les mènera cette relation imposée par la force des choses? Ils sont tous trois hantés, rongés par des doutes ou des regrets, persécutés pour ce qu’ils peuvent être ou ce qu’ils protègent. Est-ce à tort ou à raison? Difficile à dire, les notions de bien ou de mal n’existant pas réellement dans ce récit. C’est d’ailleurs surtout au travers du personnage de Sully que cela se ressent. Loin d’être un enfant de coeur, il se trouve des deux côtés de la barrière de part son passé mais aussi son présent. J’ai ressenti des émotions contraires le concernant. Tantôt détestable, tantôt protecteur, c’est un homme ambigu, difficile à cerner et aux relations troubles. Si j’ai apprécié ses récits sur son passé, mettant en lumière des explications concernant certains aspects de sa personnalité ou ses interactions complexes avec le chef de l’inquisition, je regrette que cela ait été au détriment d’Erin et Cillian. En effet, c’est davantage Sully qui est au coeur du récit. Sa forte présence se ressent également dans le point de vue de ces deux compagnons de route, surtout dans le dernier tiers.

Et c’est un peu dommage tant Erin et Cillian sont tout aussi intéressants que lui. De part ce qu’elle peut être et ce qu’elle subit, Erin est à mes yeux celle dont le potentiel est le moins exploité. Elle représente l’horreur de ce que les femmes subissent dans ce monde où toutes peuvent être suspectées du jour au lendemain d’avoir succombées à la morsure d’une araignée, les rendant alors dangereuses pour le royaume. C’est bien son histoire qui m’a le plus révoltée. Mais malgré son caractère qui ne manque pas de hargne et de force par moment, sa peur de ce qu’elle peut être l’étouffe, la contraignant à se mettre en retrait. J’espère qu’elle sera davantage développée dans la suite de cette duologie. Quant à Cillian, c’est celui qui m’a le plus touchée. Jeune homme bègue, il est persécuté pour ça alors qu’il n’aspire qu’une chose : être accepté et aimé, quitte à se soumettre aux autres. Son histoire, ses craintes, ses sentiments m’ont énormément plu et j’ai ressenti beaucoup d’affection pour lui. Les révélations le concernant à la fin du récit m’incitent à espérer qu’il s’imposera davantage par la suite.

Bien que le rythme soit assez lent, le récit m’a happée dans ses fils sans que je ne m’en rende compte. Toutefois, j’ai trouvé les bases de cet univers un peu flous et fragiles. J’aimerais en savoir davantage sur ses araignées et sur la guerre qui oppose le royaume de Comhghall à son voisin. Car si le premier sombre et meurt petit à petit sous les assauts des tarentules, le second les vénère. De fait, je m’interroge. Comment fait-il pour vivre en symbiose avec elles? Est-ce que l’envahissement des araignées au sein du premier est consécutif à une action délibérée du second? Y-a-t-il un lien avec les monstres? Il manque pour moi quelques explications sur l’Histoire de ce monde. J’espère que le deuxième tome apportera des réponses.

Auteur(e/s) : Aurélie Wellenstein
Traduction : /
Editions : Scrineo
Nombre de pages : 394
Catégorie(s) : Fantasy
ISBN : #ISBN9782381671321

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